Houla! Ça fait bien longtemps qu’on n’a pas parlé culture déco ici. Il est grand temps de s’y remettre. Et pour nous faire pardonner, nous avons choisi un chouette sujet qui revient en douceur dans les tendances déco : les grotesques !
Mais comment donc ? me direz vous. A l’heure du raffinement, de l’élégance et du bon gout, vous écrivez un article sur la tendance grotesque ??? Est-ce une plaisanterie ? Le 1er avril est passé pourtant…
Et bien non, ce n’est pas une blague. S’il est vrai que le mot « grotesque » découle directement de notre sujet du jour, le moins qu’on puisse dire est que le sens qu’on lui donne aujourd’hui est aux antipodes de ce qu’il représente.
Expliquons nous :
À la fin du XVe siècle, un jeune romain intrépide tomba dans un trou en gravissant les pentes d’une colline proche du Colisée à Rome (l’Oppius). Il se retrouva dans une sorte de grotte couverte de peintures incroyables. En réalité, il venait de (re)découvrir la Domus Aurea (maison dorée), l’ancienne demeure de Néron qui était ensevelie depuis bientôt mille ans.
Plusieurs artistes influents de l’époque descendirent à leur tour dans ces « grottes » (dont Raphaël et Michel-Ange entre autres : du beau monde quand même…) et y puisèrent inspiration pour lancer un nouveau style de décoration auquel on donna le nom de « grotesque » [en perdant un « t » au passage – déjà une réforme de l’orthographe… ;)].
A l’origine, le terme grotesque faisait donc référence aux grottes et désignait les représentations fantaisistes et très ornementées de ces peintures. Au fil du temps, on y adjoint l’idée de grossier et de ridicule que les « grotesques » ne méritent pas.
Jugez-en plutôt :
Bon, il faut être honnête : certes, le style est raffiné et élégant mais certaines représentations de démons, faunes et autres nymphes sont pour le moins fantaisistes. Sans parler des animaux exotiques dont on ne voyait que peu d’exemplaires vivants en Europe à cette époque et qui du coup donnaient lieu à quelques surprenants fantasmes.
Hormis ces représentations fantasmagoriques dont ils sont parsemés, les caractéristiques principales des « grotesques » résident dans les motifs, rinceaux, dorures et fines arabesques qui les encadrent.
Souvent présentée sous forme de panneaux, cette forme d’art a principalement pris place sur les encadrements de portes, les plafonds autres parties de mur sur lesquelles de grandes peintures ne pouvaient être envisagées.
Les décors sont à base de paysages, de feuillages enroulés en colonnes avec une prédilection pour les feuilles d’acanthes, de candélabres et de baldaquins, de personnages fantastiques, mi-humains, mi-animaux, qui naissent des feuillages.
Elle est restée très prisée dans les décors des châteaux et belles demeures jusqu’au XIXème surtout dans le sud de l’Europe. Tandis que plus au nord, se développaient des variations plus … grotesques pour le coup, avec les peintures « monstrueuses » de Cranach, Dürer, Bosh ou encore Brueghel.
Pour terminer, revenons vers notre Fée Caséine, mais sans quitter notre thème du jour. Car si comme nous vous appréciez ce style, nous vous proposons des panneaux de peintures grotesques sur bois ou sur papier (voir exemple ci-dessus), en « prêt à porter » ou intégrant les motifs de votre choix.
Laissez-vous tenter par ce décor hors du commun et appelez nous vite !
Bonus culture déco : Sur le détail ci-dessous d’un travail en cours, vous pouvez voir des petits points noirs. Il s’agit de des traces du poncif utilisé pour dessiner le motif du panneau. Cette technique ancienne est idéale pour la réalisation de panneaux décoratifs à motifs : Le dessin est réalisé sur une sorte de papier calque. Il est ensuite « piqué » avec une aiguille ou une roulette. Le calque « troué » appliqué sur le support du panneau est frotté à l’aide d’un chiffon imbibé de fusain broyé. Le dessin apparait ainsi sur le support mais pourra s’effacer d’un coup d’éponge une fois la couleur déposée. Le poncif est réutilisable plusieurs fois !
Illustrations hors Fée Caséine : the book of Ornament - ed° Taschen