En voilà une question piège !
Sauf si vous êtes spécialiste bien sur, ne vous est-il jamais arrivé d’hésiter devant un meuble ou un bâtiment en vous demandant s’il est plutôt art déco ou art nouveau ? Il suffit de consulter Google Image pour se convaincre que l’erreur est fréquente…
Dans quelques jours nous partagerons deux nouvelles vidéos de relooking de petits meubles emblématiques de ces styles. Alors pour vous faire patienter avant leur mise en ligne, il nous a semblé que c’était le bon moment pour tordre le cou à ces hésitations et vous raconter l’histoire de ces frères ennemis !
Art nouveau
Premier piège à déjouer : le plus nouveau des deux n’est pas celui qu’on croit !
Commençons donc par le début.
La seconde moitié du 19ème siècle est marquée par un fort regain d’intérêt pour la période médiévale. Beaucoup d’artistes reviennent vers l’imitation de la nature à l’exemple des sculpteurs de chapiteaux des cathédrales médiévales. Bien sur en cherchant de nouvelles formes et de nouveaux matériaux, mais on peut dire qu’à cette époque le moyen âge est … tendance.
L’époque est à l’alliance du beau et de l’utile. Il n’y a plus d’art majeur et d’art mineur : tout doit concourir à diffuser l’art dans tous les domaines et surtout à tous. La naissance de l’art nouveau coïncide donc avec une conception très sociale de l’art avec un objectif : faire entrer la beauté dans la vie de chacun.
Pour l’anecdote, signalons l’apparition de la première boutique de décoration en 1861 à Londres par W.Morris. L’arrière grand mère de la Fée Caséine.fr en quelques sortes 😉
Stylistiquement cela se traduit par l’emploi dans tous les domaines de courbes, de lignes sinueuses, de volutes, d’arabesques et de formes organiques toujours plus complexes. Coté matériaux aussi, l’utile se doit participer à l’art : les structures métalliques des bâtiments se dévoilent en devenant des ornements. Les matériaux les plus courants, comme la brique précédemment méprisée car réservée aux constructions « pauvres », (re)trouvent des lettres de noblesse.
Mais ce style et son caractère « social » n’ont pas que des soutiens. De plus, le caractère international de l’Art nouveau qui touche tout le monde occidental, inquiète.
Malgré la beauté de ses objectifs, l’art nouveau finira par disparaître, victime de ses excès et de ses contradictions. A l’image de la société de l’époque à la fois séduite et inquiète par l’industrialisation, l’art nouveau n’a pas su apporter ses bienfaits à toutes les couches de la population et est resté cantonné à la bourgeoisie. Coté style, le retour à l’art médiéval s’est laissé submerger par une certaine prolifération des ornements qui a fini par faire perdre le sens initial de ce mouvement.
L’Art Nouveau devient l’art Nouille pour ses détracteurs (un super moyen mnémotechnique pour ne pas le confondre avec l’art Déco qui lui est Droit !) et donne naissance en réaction à une tendance artistiquement et socialement opposée : l’Art Déco.
Art Déco
Les premières manifestations de l’art déco datent donc de la fin de la première décennie du 20ème siècle. Mais il connaît son apogée avec les années folles (entre 1920 et 1930) pendant lesquelles on tente d’oublier les millions de morts de la « grande guerre ».
Conduits en France par un grand couturier précurseur – Paul Poiret – les artistes majeurs de l’art déco veulent renouer avec la tradition française du style Louis-Philippe pour rompre avec les arabesques de l’Art nouveau. On assiste donc dans les décors à un grand retour à la rigueur classique avec des motifs géométriques et symétriques qui tendront progressivement vers le cubisme.
Les volumes sont parallélépipédiques, avec ou sans pans coupés. Le cercle et l’octogone sont également appréciés pour ce qu’ils représentent une certaine forme d’ordre.
Comme l’art nouveau, l’art déco est pétri de paradoxes souhaitant mêler la modernité par ses formes géométriques à la tradition des ornements principalement floraux. Mais à l’inverse de son prédécesseur qui se voulait universel, l’art déco est celui des élites.
Les grandes figures de l’art nouveau rêvaient de toucher un public de masse, celles de l’art déco s’adressent à une clientèle aisée séduite par une production de prestige.
Le style art déco disparaîtra avec la seconde guerre mondiale (il perdurera un peu plus longtemps aux États Unis) et sera supplanté par le style dit moderne.
Voilà, nous espérons que ces quelques explications vous auront permis d’y voir un peu plus clair dans ces deux styles emblématiques.
Comme promis, pour illustrer concrètement cet article, voici une vidéo de relooking d’un petit meuble représentatifs de l’art déco.
A bientôt !