Bonjour les amis 🙂
Délaissons pour un article notre fil conducteur cinématographique pour vous présenter Senlis sous une autre facette.
Il y a quelques jours, une fête d’origine médiévale s’est tenue dans notre jolie ville et a regroupé des délégations venues de toute l’Europe. Je veux parler de la Saint Fiacre, patron des jardiniers. Un événement international en prévision duquel les services municipaux s’étaient surpassés pour décorer le passage du cortège.
Deux mots sur ce saint le plus souvent représenté avec une bêche et un livre à la main. Il semblerait (le conditionnel est indispensable quand on remonte aussi loin dans le temps 😉 ) qu’il soit né en Irlande au cours du VIIe siècle. Plus précisément dans le conté de Kilkenny où il aurait acquis des compétentes en phytothérapie.
Il se serait ensuite installé en France, en Brie plus exactement près de Meaux.
La légende de Saint Fiacre
L’évêque de Meaux lui donna une pièce de terre dans la foret de Breuil-en-Bie. Le futur saint y construisit un petit ermitage et cultiva plantes et légumes pour prodiguer ses soins à la population. Sa renommée fut telle que le lopin fut bientôt trop petit et Fiacre alla demander de nouvelles terres à l’évêque. « Je t’en accorde autant que tu pourras en labourer en un seul jour du lever au coucher du soleil ».
Fiacre se mit au travail avec sa seule bêche et défricha un gigantesque terrain. La légende dit même qu’il fit tomber d’énormes chênes et que le sol semblait se creuser devant lui.
Il cultiva des simples, des légumes pour nourrir ses fidèles et des fleurs pour orner son église jusqu’à sa mort, le 30 août 670. Voilà pourquoi on fête la Saint Fiacre le 30 août !
La fête à Senlis
Bon, pour une raison que j’ignore, la fête qui s’est déroulée à Senlis n’a pas eu lieu le jour de la Saint Fiacre mais les 5, 6 et 7 Octobre. Par chance, il faisait un temps magnifique !
Cette manifestation a connu une véritable renaissance ces 25 dernières années grâce au Comité des fêtes nationales et internationales Saint-Fiacre, qui rassemble les communes, confréries, associations et sociétés d’horticulture françaises et européennes qui honorent le saint.
Ces confréries dont les plus anciennes ont fêté leur tricentenaire et qui s’étaient plus ou moins endormies au fil du temps, connaissent un regain de popularité depuis quelques années. 7 éditions ont déjà eu lieu, en 1992 à Dijon, en 1995 à Rouen, en 1999 à Saint-Fiacre (Seine-et-Marne) sur les lieux où vécut le saint, en 2005 à Lisieux, en 2008 à Luxembourg, en 2013 à Tours et donc à Senlis en 2018.
Quelques jours avant, les jardiniers municipaux ont réalisé de superbes présentations de légumes, fruits et fleurs. En voici quelques exemples.
Une rue (la rue rougemaille) a même été totalement recouverte de pelouse pour l’occasion !
Le grand défilé horticole
Mais ce que tous les senlisiens attendaient, c’était bien sur le grand défilé horticole regroupant des délégations de nombreuses villes françaises et même de pays européens.
Et je dois avouer que j’ai adoré ce cortège. A l’heure où la moindre manifestation prend des allures de grande parade de Disneyland, cette procession toute simple de jardiniers portant fièrement leur statue de Saint Fiacre et présentant joliment leurs fleurs et légumes d’automne avait quelque chose de rafraîchissant :).
Chaque délégation ayant à cœur de présenter son Saint et ses légumes de la manière la plus originale, nous avons vu défiler des brouettes, des jougs portés aux épaules, des brancards et même de petites charrettes tirées par des chiens !
3 ou 4 fanfares accompagnaient le cortège ainsi qu’une délégation de lanceurs de drapeaux représentant tous les pays présents.
Les délégations défilaient par ordre d’ancienneté et c’est donc bien sûr celle de Kilkenny qui ouvrait la marche. Celle de Senlis la clôturant avec une superbe charrette tirée par deux percherons.
Tout ce joli monde a fait un large tour de la ville (c’est facile, elle est construite tout en rond autour des remparts gallo-romains) et s’est retrouvé pour le dépôt d’une gerbe devant le monument aux morts de la ville.
Bref, une belle manifestation aux accents encore authentiques des terroirs.
Je ne sais pas où ni quand aura lieu la prochaine, mais si vous en avez l’occasion, ne la manquez pas !
Ah, encore une petite info historique pour la route 🙂
Saint Fiacre n’est pas que le saint patron des jardiniers, il l’est aussi des chauffeurs de taxi.
Si on imagine aisément pourquoi (vu son nom), il est moins évident de deviner pourquoi les calèches ont pris le nom de fiacre… Il semblerait que ce soit du à un loueur de coches du 17ème siècle dont la boutique se situait à Paris, entre les numéros 79 et 81 de la rue St Martin, dans l’étroite et sordide impasse St Fiacre. Son succès fut tel qu’on prit l’habitude de parler de « voiture fiacre » puis d’abréger en « fiacre » !