Comme promis dans notre article du mois dernier, c’est parti pour notre première ballade dans Senlis ; comme le prince, à la poursuite de Peau d’âne !
Ce film est inspiré d’un conte populaire dont la version la plus célèbre (les frères Grimm en ont écrit une autre) a été écrite par Charles Perrault à la fin du 17eme siècle. Il fait partie des « Contes de ma mère l’oye ». Ce recueil est une véritable mine d’adaptations cinématographiques d’ailleurs. Voyez vous même la liste des contes qu’il renferme : Barbe bleue, Le Petit Poucet, Riquet à la houppe, Le Petit chaperon rouge, La Belle au bois dormant, Le Chat botté et Cendrillon. Qui dit mieux ?
Bref, revenons à notre mouton âne; ce film de Jacques Demy a été partiellement tourné à Senlis en 1970.
L’image que vous voyez là a été prise Avenue du général Leclerc, à l’angle de la bibliothèque et de la place Saint-Pierre, du nom de l’église dont les vitraux apparaissent derrière les cavaliers. Les gardes du prince rouge (joué par Jacques Perrin) annoncent qu’il épousera la femme qui pourra passer son doigt dans l’anneau que Peau d’âne (Catherine Deneuve) a glissé dans son fameux cake d’amour…
Commençons par un petit mot sur cette Avenue du Général Leclerc. Nous ne reviendrons pas sur le parcours de Philippe de Hauteclocque, dit Leclerc pendant la guerre. Mais pour l’anecdote, remarquons simplement la plaque de cette avenue qui semble coupée en deux. Cela vient du fait que Leclerc a été élevé au rang de maréchal en 1952 (soit 5 ans après sa mort). La partie basse de la plaque a donc été ajoutée après coup.
Mais revenons à cette église Saint Pierre : voir plan
Pour rester dans l’univers cinématographique, on peut dire que sa vie n’a pas été un long fleuve tranquille. Ses origines sont très anciennes puisqu’on a découvert un cimetière mérovingien dans ses fondations. L’église Saint-Pierre telle qu’elle se présente actuellement remonte à la seconde moitié du 11ème siècle pour sa partie la plus ancienne (la base du clocher roman). Sa construction s’est étalée jusqu’au 17ème mais les projets initiaux n’ont jamais été terminés ; en témoignent des chapiteaux impressionnant qui ne soutiennent qu’une charpente de bois en carène de bateau renversée au lieu de la voute prévue. Ses nombreux remaniements lui ont d’ailleurs donné une forme étonnante, très visible de l’intérieur : le désaxement de la nef et du chœur. Elle est classée monument historique depuis 1887.
Saint Pierre a longtemps été la paroisse la plus importante de la ville, mais le bâtiment a été désaffecté à la révolution. Le sommet de la coupole était à l’époque orné d’une boule de cuivre doré couronnée d’une grande croix dorée qui devait être du plus bel effet. Elle a été fondue à cette période :(. Vendue comme bien national, l’ancienne église est successivement utilisée comme fabrique de chicorée, écurie d’un escadron de cavalerie, magasin de fourrages…
De cette époque date un étonnant graffiti sur le mur de l’église juste dans la petite rue qu’on voit sur la photo. Un soldat a gravé ici ses malheurs… On peut lire :
« Paquier brigadier puni de 8 jours de prison pour avoir couché une nuit au Nose avec la belle Maria ». Ça ne rigolait pas dans la cavalerie !
Juste à coté, un dessin gravé dans la pierre représente deux personnages à la position étonnante…
Les murs extérieurs de Saint-Pierre ont manifestement inspiré les graffeurs à travers les âges. En cherchant bien vous y trouverez des dizaines de graffitis plus ou moins lisibles que peu de personnes remarquent. N’oubliez donc pas d’emprunter cette ruelle jusqu’à la place Saint Pierre. De là, vous pourrez admirer la façade occidentale de l’église dans le plus pur style flamboyant !
Rendue à la ville en 1877 suite à la construction de la nouvelle caserne, elle est transformée en marché couvert. Elle va le rester pendant plus d’un siècle et c’est ce qui la sauve de la démolition.
D’autres scènes de Peau d’âne ont également été tournées à Senlis, comme cette scène de marché, place Notre Dame, à l’angle de la rue Sainte Prothaise (à droite) et de la rue du petit Chaalis (en face).
Nous reviendrons souvent sur cette place dont les dimensions et l’architecture ont permis de nombreux tournages.
Mais pour l’heure, signalons au bout de la rue Sainte Prothaise, à l’angle de la rue du Chatel une statue de la sainte martyre dont la légende dit qu’elle serait originaire de Senlis portant sa tête dans ses bras. Voir plan
A bientôt pour une nouvelle visite 🙂
sources : Bibliotheque municipale de Senlis - Senlis racines et avenir - Wikipedia